Le "Japonisme" ou l'influence du Japon dans la peinture occidentale.

Le "Japonisme" ou l'influence du Japon dans la peinture occidentale.

Le japonisme est un mouvement artistique et culturel qui a vu l'art et l'esthétique japonais influencer profondément les artistes occidentaux, principalement français, à partir des années 1860.

Cette fascination, déclenchée par l'ouverture du Japon au commerce international, a introduit de nouvelles perspectives esthétiques comme les compositions asymétriques et les couleurs vives, touchant divers domaines artistiques tels que la peinture, les arts décoratifs, la littérature et même la mode.

Des figures majeures comme Monet et Van Gogh ont été particulièrement inspirées par les estampes japonaises, et le japonisme a contribué à forger de nouveaux courants artistiques comme l'Art nouveau. En présentant l'histoire, les manifestations et les principaux acteurs de cet échange culturel, les textes mettent en lumière l'impact durable de l'art japonais sur la modernité occidentale.


L'origine du japonisme peut être attribuée à plusieurs facteurs interdépendants, dont les plus importants sont :

L'ouverture du Japon au monde occidental : Après plus de deux siècles d'isolement, le Japon s'est ouvert au commerce international dans les années 1860, suite à l'intervention du Commodore Perry en 1853. Cet événement est considéré comme le point de départ qui a rendu l'art et la culture japonais accessibles à l'Occident.

L'arrivée d'objets d'art japonais en Occident : L'ouverture des ports japonais a entraîné un afflux sans précédent d'objets japonais en Europe et en Amérique du Nord. Ces objets comprenaient des estampes, des soieries, des porcelaines, des paravents, des laques et des peinture. Initialement, les estampes arrivaient parfois de manière fortuite, utilisées pour envelopper les porcelaine.

La participation du Japon aux Expositions universelles : La participation du Japon aux Expositions universelles de Londres en 1862 et de Paris en 1867 puis 1878 a joué un rôle crucial dans la présentation de l'art et de l'artisanat japonais au public occidental. Le Japon a même présenté un pavillon national à l'Exposition universelle de 1867 à Paris.

L'intérêt des collectionneurs, des critiques d'art et des marchands : Des personnalités comme le critique d'art Philippe Burty ont joué un rôle essentiel ; il a d'ailleurs créé le terme « japonisme » en 1872 pour décrire cet engouement culturel. Des collectionneurs tels que Théodore Duret, Edmond de Goncourt et Émile Guimet ont contribué à la diffusion des œuvres japonaises. Des marchands comme Siegfried Bing et Hayashi Tadamasa ont fait fortune en organisant l'importation et la vente de pièces rares, rendant l'art japonais plus accessible.

La recherche de nouvelles sources d'inspiration par les artistes occidentaux : Les artistes occidentaux, cherchant à rompre avec le classicisme et les styles conservateurs de l'époque, ont été fascinés par les nouvelles esthétiques offertes par l'art japonais, notamment les lignes, les courbes, la simplification des formes, l'abandon de la perspective et l'utilisation de couleurs vives. L'ukiyo-e, en particulier, est devenue une nouvelle source d'inspiration pour les impressionnistes et les artistes de l'Art nouveau. Vincent van Gogh a même déclaré que "tout mon travail est fondé sur le japonais".

En somme, le japonisme est né de la rencontre entre un Occident en quête de nouveauté artistique et un Japon qui s'ouvrait au monde, permettant ainsi la découverte et l'appréciation d'une esthétique radicalement différente.
L'arrivée massive d'objets japonais, leur présentation lors d'événements internationaux et le rôle actif des collectionneurs et des marchands ont alimenté cet engouement qui a profondément marqué l'art occidental de la fin du XIXe siècle.





Les caractéristiques principales du japonisme se manifestent de diverses manières :

Nouvelles esthétiques dans les beaux-arts : L'art résultant de cette influence, souvent en réaction au classicisme, a inauguré de nouveaux choix esthétiques tels que les lignes, les courbes, et les éléments naturels. Les peintres ont retenu de l'art japonais la simplification des formes, le goût de la ligne sinueuse (notamment pour les silhouettes), l'abandon de la perspective, ainsi que l'amour des couleurs vives.

Influence de l'estampe japonaise (ukiyo-e) : Les estampes japonaises ont été l'objet d'un engouement extraordinaire en Occident. Elles ont contribué à faire connaître des artistes comme Hokusaï, Hiroshige, Moronobu et Utamaro. L'ukiyo-e est devenue une nouvelle source d'inspiration pour les peintres impressionnistes européens puis pour les artistes Art nouveau. Des artistes comme Claude Monet se sont constitués d'importantes collections d'estampes japonaises, qui ont influencé leur travail, notamment la création de son jardin d'eau à Giverny. Vincent Van Gogh a déclaré en 1888 que "tout mon travail est fondé sur le japonais". Mary Cassatt était également une grande admiratrice de l'art japonais et son enthousiasme a changé sa trajectoire artistique. Camille Pissarro a affirmé que les "artistes japonais me confirment dans notre parti pris visuel".

Renouveau des formats : Les artistes ont également renouvelé les formats, adoptant notamment la longue bande verticale du kakemono.

Nouvelles thématiques : Les Nabis ont repris certaines thématiques propres aux "ukiyo-e", ou « images du monde flottant », cherchant à fixer des impressions fugitives et des moments de la vie quotidienne. Cet intérêt pour des instants de vie est devenu une spécificité de ce groupe. Les représentations japonaises des quartiers de divertissement, des acteurs populaires et du "monde flottant" ont encouragé les artistes européens à trouver des sujets dans les spectacles publics et la vie nocturne.

Influence sur les arts décoratifs : Dès les années 1860, les formes et les décors japonais ont inspiré les artisans, les artistes et les écrivains. L'Art nouveau en particulier comporte de nombreuses références et influences japonaises. On observe une influence dans le mobilier (avec l'apparition d'un "style anglo-japonais" privilégiant sobriété et géométrie), la céramique, les laques, les textiles et la mode. Des motifs naturels japonais, tels que des papillons, des tortues, des fleurs et des oiseaux, sont devenus des caractéristiques de l'Art Nouveau.

Ouverture du Japon et diffusion des objets : L'ouverture du Japon à l'Occident à partir des années 1860 et sa participation aux Expositions universelles ont permis l'arrivée en Europe d'une grande quantité d'objets japonais (soieries, porcelaines, paravents, ivoires, laques, peintures, estampes) qui ont passionné le public et les collectionneurs. Des marchands comme Siegfried Bing et Hayashi Tadamasa ont joué un rôle crucial dans l'importation et la diffusion de ces objets.

Collectionneurs et critiques d'art : Des collectionneurs et critiques d'art comme Philippe Burty (qui a créé le terme "japonisme" en 1872), Théodore Duret et Edmond de Goncourt ont joué un rôle essentiel dans la reconnaissance et la diffusion de l'art japonais.
En résumé, le japonisme se caractérise par une fascination pour l'esthétique japonaise, une adoption de ses principes visuels et thématiques par les artistes occidentaux, et une intégration de motifs et de techniques japonaises dans diverses formes d'art et d'artisanat.


De nombreux artistes occidentaux ont été profondément inspirés par le japonisme, un mouvement né de la fascination pour l'art et la culture japonaise après l'ouverture du Japon au commerce international dans les années 1860. Parmi les plus notables, on retrouve :

Claude Monet : Il était particulièrement influencé par le goût pour le Japon et s'est constitué une collection de deux cent trente et une estampes japonaises. Ces estampes l'ont inspiré pour la création de son jardin d'eau à Giverny, où il a importé des végétaux japonais, dont les fameux nymphéas, et construit un pont japonais.

Les Nabis : Ce groupe de peintres postimpressionnistes a été profondément influencé par l'art japonais, allant au-delà de la simple recherche d'exotisme. Ils ont retenu la simplification des formes, le goût de la ligne sinueuse, l'abandon de la perspective et l'amour des couleurs vives. Ils ont également adopté le format vertical du kakemono et se sont intéressés aux thématiques de l'ukiyo-e. Parmi les Nabis influencés, on compte Pierre Bonnard, surnommé le « nabi japonard », et Édouard Vuillard.

Vincent van Gogh : Il a déclaré dans une lettre de 1888 que "tout mon travail est fondé sur le japonais". Il possédait plus de 400 estampes japonaises et a réalisé des œuvres directement inspirées de celles-ci, comme une copie de La Courtisane d'Eisen et Japonaiserie. Pruniers en fleurs d'après Hiroshige.

Mary Cassatt : Elle était une grande admiratrice de l'art japonais, collectionnant des estampes de Hiroshige et Hokusai, entre autres. Son enthousiasme pour l'art japonais a profondément marqué son évolution artistique. Son estampe La Toilette (vers 1890-1891) est directement inspirée de la technique et de l'esthétique ukiyo-e.

Edgar Degas : Il faisait partie des artistes qui ont collectionné des estampes japonaises à Paris dès la fin des années 1850. Son Portrait de James Tissot (1867-1868) témoigne également de son intérêt pour l'esthétique japonaise.

Paul Gauguin : Il figure parmi les peintres européens adeptes du japonisme.

James McNeill Whistler : Dès 1864, il est considéré comme un artiste influencé par le japonisme. Il a réalisé des œuvres telles que Caprice en violet et or. Le paravent doré (vers mars 1865).

James Tissot : Il a commencé à explorer les thèmes japonais dans ses peintures vers 1864-1865, en même temps que Whistler. Parmi ses œuvres, on trouve La Japonaise au bain (1864)et Jeune femme tenant des objets japonais (1865). Il a même donné des cours de dessin au prince Tokugawa Akitake.

Alfred Stevens : Il fréquentait la boutique La Porte Chinoise où il se procurait des objets d'Extrême-Orient qu'il intégrait dans ses toiles représentant des intérieurs bourgeois. Des œuvres comme La Parisienne japonaise (1872) et La Robe japonaise (vers 1872) témoignent de cette influence.

Édouard Manet : Il faisait partie des collectionneurs d'estampes japonaises. Son Portrait d'Émile Zola (1868) inclut des éléments japonais.

George Hendrik Breitner : Ce peintre hollandais a réalisé une série d'au moins six toiles de jeunes filles en kimono (1893-1894) en s'inspirant de ses propres photographies.

D'autres artistes également mentionnés comme ayant été influencés par le japonisme incluent Renoir, Chase, Bilińska-Bohdanowicz, Klimt, Auburtin, Henri Rivière, Félix Valloton, Toulouse-Lautrec, Amédée Joyau, William Merritt Chase, Georges Rochegrosse, et Aimé-Nicolas Morot. L'ensemble du mouvement de l'Art nouveau doit également beaucoup aux références et influences japonaises.



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